Samedi 11 juillet, 9 heures, nous prenons un taxi de Latacunga, une petite bourgade à 100 kilomètres au sud de Quito, en route vers la ferme Nevado Ecuador. Nous empruntons la Panaméricaine à plus de 2700 mètres d’altitude. Les volcans nous entourent et le ciel dégagé nous permet d’entrevoir le toit de l’Equateur, le Chimborazo. Sur notre droite nous apercevons l’immense propriété de 55 hectares.
A notre arrivée nous sommes reçus par Roberto Nevado, le fondateur de l’exploitation, et son équipe. Après un accueil digne d’une délégation présidentielle et la séance photo qui lui est inévitable, Roberto nous reçoit dans son bureau.
D’origine espagnole et ancien négociant en fleurs, il s’est installé en Equateur pour créer son exploitation de roses en 1998. Le pays en produit depuis seulement une vingtaine d’années. Une terre volcanique extrêmement fertile, l’altitude et un ensoleillement exceptionnel l’ont hissé parmi les cinq premiers exportateurs mondiaux. Mesdemoiselles, Mesdames, il y’a près d’une chance sur deux que les roses que l’on vous offre à la Saint Valentin soient d’origine équatorienne…
Si les fleurs bénéficient de conditions optimales, ce n’est malheureusement pas le cas de la grande majorité du personnel travaillant dans les propriétés équatoriennes. Horaires de travail élevés, faibles rémunérations des employés, conditions de travail difficiles, corruption des dirigeants, utilisation abusive de pesticides rythment le quotidien des salariés.
C’est en 2002 sous l’impulsion de John, son fils, que Roberto opère à un changement décisif. Il met en place une politique de responsabilité sociale et environnementale. Il s’agit, comme le défini John, d’utiliser l’entreprise comme force de changement. L’organisation peut être profitable tout en limitant son impact environnemental et améliorant les conditions de vie de ses employées.
Ainsi un certain nombre d’actions pionnières dans le secteur sont mises en place. Raimundo, notre guide l’espace de quelques heures, nous les montre consciencieusement :
Utilisation de produits naturels à la place des pesticides (piments, araignées), engrais à base de composte, retraitement des eaux usées par les plantes, création d’une garderie, suivi médical des travailleurs (cf. fiche technique).
Au fil des années Nevado Ecuador est devenu un modèle en la matière, en atteste la mosaïque de labels et certifications aux murs. Ses dirigeants ont d’autant plus de mérite que les lois du pays sont loin d’être conscientes de ces enjeux.
Après avoir fait le tour de la propriété, notre visite s’achève par une invitation à déjeuner ; Nevado Ecuador compte d’ailleurs parmi ses clients le meilleur restaurant au monde, Bulli, qui les a mis à son menu. Après la dégustation d’une rose sucrée en désert, nous nous entretenons avec Maria la présidente du « Comité Mixte ». Heureuse de nous parler de ses fonctions, elle représente les 500 travailleurs de la ferme et veille à leur bien être. Elle est consciente de l’importance de son rôle et le prend très à cœur.
C’est avec cette dernière rencontre que s’achève notre séjour à Latacunga. Deux jours plus tard nous repartirons au sud, dans une comunidad indigène au pied du Chimborazo, où nous attend un projet de réintroduction du Lama et de tourisme solidaire. Tout un programme…